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Tag - Brad Setser

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mardi 28 août 2018

La crise turque

« Les marchés financiers ont été très nerveux à propos de la Turquie ces dernières semaines. Nous passons en revue les opinions des économistes à propos des risques économiques, politiques et géopolitiques et les opportunités de cette situation.

Jamie Powell et Colby Smith écrivent (…) que la crise turque ressemble à l’un de ces classiques effondrements que connaissent les pays émergents : une économie en forte croissance financée par une dette de court terme libellée en dollar et dirigée par un homme fort ayant un penchant pour nommer des proches dans les positions clés du gouvernement. Ainsi, cela rappelle la crise asiatique de 1997 et 1998 (…).

Brad Setser pense que la Turquie partage certes certaines similarités avec les pays qui ont subi la crise asiatique dans les années quatre-vingt-dix, mais qu’il y a aussi d’importantes différences. Les banques turques sont la principale raison pour laquelle la crise de change peut se transformer une crise de financement, en laissant la Turquie sans réserves suffisantes pour éviter un défaut majeur. Mais, à la différence des banques asiatiques, la Turquie a été capable d’utiliser le financement externe en devises étrangères pour soutenir un boom domestique en prêtant des lires aux ménages. Les banques turques n’ont vraiment pas besoin d’emprunter en devises étrangères auprès du reste du monde pour soutenir le niveau actuel de leurs prêts en devises étrangères aux entreprises turques et leur besoin apparent de financement de marché est en lires, non en dollars. En outre, le boom réel du crédit n’est pas venu du prêt en devises étrangères aux entreprises, mais plutôt des prêts en lire aux ménages. Le mystère financier (que Setser va ensuite expliquer) n’est pas de savoir comment les banques ont prêté des devises étrangères aux entreprises domestiques, mais comment elles ont utilisé l’emprunt externe en devises étrangères pour soutenir un prêt domestique en lires.

GRAPHIQUE Dette externe de la Turquie (en milliards de dollars)

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source : Brad Setser (2018)

Jacob Funk Kirkegaard écrit que les développements économiques poussent inévitablement la Turquie à s’approcher du FMI pour son deuxième renflouement depuis le début du siècle. Les difficultés fondamentales de la Turquie dérivent des déficits jumeaux qu’elle a creusés ces dernières années. Ce qui aggrave les problèmes de la Turquie, ce sont diverses difficultés politiques liées à sa relation avec l’OTAN, l’UE et les Etats-Unis, comme le pays n’a jamais été aussi isolé sur le plan international au cours de ces dernières décennies qu’aujourd’hui. La route pointe donc vers le FMI, mais le Fonds risque de ne pas vouloir aider la Turquie sans que celle-ci adopte en contrepartie des sévères mesures d’austérité, des mesures qui risquent d’affaiblir la mainmise d’Erdogan sur le pouvoir. Mais Erdogan a un certain levier politique potentiel (assez déplaisant), comme une imminente attaque imminente du gouvernement syrien juste au sud de la frontière turque pourrait facilement amorcer un afflux de réfugiés au nord de la Syrie. La décision de la Turquie d’ouvrir ou non ses frontières et d’offrir un refuge aux Syriens pourrait bien dépendre (…) de l’aide économique de l’Occident ou des termes d’un plan de sauvetage du FMI.

Grégory Claeys et Guntram Wolff ne sont pas d’accord à cette idée et affirment qu’une correction des politiques macroéconomiques de la Turquie est nécessaire, mais qu’il est trop tôt pour dire si la Turquie aura besoin d’un programme de sauvetage. Les décideurs européens doivent cependant réfléchir sur ce que doit être la position de l’UE à l’égard de la Turquie. Une crise financière dans un pays voisin de l’UE peut avoir un impact négatif direct sur l’économie de l’UE, principalement via l’exposition de ses banques opérant en Turquie et via le commerce. En outre, une crise en Turquie peut déclencher de possibles effets domino politiques et des changements conséquents dans la politique migratoire de la Turquie, sans mentionner des menaces géopolitiques. Si un programme du FMI était infaisable et si les pays de l’UE en venaient à la conclusion qu’il est dans leur intérêt d’éviter une escalade de la crise turque, l’UE pourrait essayer d’organiser un plan de soutien financier via son programme d’assistance macrofinancière réservé aux pays partenaires hors de l’UE. Mais dans ce cas, l’UE doit décider si un tel instrument doit être utilisé pour obtenir des avancées en matière de valeurs démocratiques ou si l’UE doit avoir une approche plus fonctionnelle et limiter la conditionnalité sur des politiques macro-structurelles spécifiques. (…)

Jim O’Neill estime que la Turquie doit maintenant fortement resserrer sa politique monétaire, réduire l’emprunt étranger et se préparer à l’éventualité d’une sévère récession, durant laquelle l’épargne domestique ne se reconstituera que lentement. Parmi les puissances régionales, la Russie est parfois mentionnée comme possible sauveteur. Alors qu’il n’y a aucun doute que Vladimir Poutine aimerait utiliser la crise turque pour éloigner davantage la Turquie de ses alliés de l’OTAN, Erdogan et ses conseillers se tromperaient s’ils pensaient que la Russie puisse combler le vide financier de la Turquie : une intervention du Kremlin aurait peu d’effet sur la Turquie et exacerberait les défis économiques de la Russie.

José Antonio Ocampo affirme plutôt que les schémas durables dans les pays émergents peuvent ne plus s’appliquer. Au pic des turbulences turques, dans la semaine entre le 8 et le 15 août, les devises de l’Argentine, de l’Afrique du Sud et de la Turquie se sont dépréciées de 8 % à 14 % vis-à-vis du dollar américain. Pourtant les devises des autres pays émergents ne se sont pas dépréciées de plus de 4 %. Cela suggère que la contagion ne se fait pas aussi facilement que par le passé et lue des arrêts brusques (sudden stops) sont peut-être moins probables que par le passé. Même les économies les plus affectées étaient capables de limiter les effets de la chute de leur devise. Cela semble refléter une nouvelle résilience face à la contagion qui s’est formée au cours des dix dernières années, voire plus. Mais cela ne signifie pas que les économies émergentes sont immunisées ; au contraire, elles ont de quoi s’inquiéter, notamment avec l’escalade d’une guerre commerciale. Des politiques réfléchies, avec une amélioration globale du filet de sécurité financier de la part du FMI, restent par conséquent de la plus haute importance. (…) »

Silvia Merler, « The Turkish crisis », in Bruegel (blog), 27 juillet 2018. Traduit par Martin Anota



aller plus loin...

« De l’arrêt soudain à la déflation par la dette »

« Comment les pays émergents peuvent-ils gérer l'effondrement des flux de capitaux ? »

« Les hauts et les bas de la croissance turque »

samedi 16 juin 2018

Dans quelle mesure le rééquilibrage chinois est-il durable ?

« Je pense de plus en plus que mon opinion sur le "rééquilibrage" chinois est aux antipodes de celle qui fait actuellement consensus (ou, du moins, de celle que partagent la plupart des analystes de banques d’investissement et des journalistes financiers qui observent la Chine).

Et ce de deux façons significatives.

Premièrement, je pense que la position de la balance de paiements de la Chine est assez robuste. A la fois du point de vue des "flux" et du point de vue des "stocks". Le compte courant n’est pas vraiment sur le point de laisser place à un déficit (et, de toute façon, ce ne serait pas grave si la Chine avait un modeste déficit). Et l’Etat chinois accumule de nouveau des actifs externes d’une façon significative. Les jours où "la Chine vendait des réserves" sont révolus depuis longtemps.

Deuxièmement, je pense que le rééquilibrage qui a réduit l’excédent courant mesuré est plus fragile que ne le pensent la plupart des commentateurs. Il résulte de politiques (que vous pouvez qualifier de large déficit budgétaire "augmenté" hors budget et de croissance excessive du crédit) que certains croient être insoutenable et beaucoup pensent qu’elles sont imprudentes. Le FMI, par exemple, veut que la Chine réduise son déficit budgétaire et ralentisse le rythme de la croissance du crédit, des politiques qui accroîtraient et non réduiraient l’excédent courant.

Je pense que ces visions des choses sont cohérentes ; je tends à penser que l’excédent courant de la Chine a baissé modestement, mais il a baissé. Pourtant, la façon par laquelle il a baissé (davantage via un accroissement de l’investissement qu’à une chute de l’épargne) n’amène pas à croire qu’il va rester bas. La Chine n’a pas embrassé l’ensemble de politiques nécessaires pour un rééquilibrage plus durable, par exemple en centralisant et en étendant l’assurance sociale et créant un système fiscal bien plus progressif qui dépendrait moins de contributions sociales régressives (les taxes sur les salaires).

Je vais essayer de démontrer ces deux points.

La robustesse continue de la balance des paiements de la Chine


The Economist a mis en évidence un déficit du compte courant de la Chine au cours du premier trimestre. Le Financial Times a noté que la Chine ne semble pas intervenir sur le marché de change étranger (bien qu’une mesure d’intervention, le règlement des changes, suggère que quelqu’un achetait en avril, chose assez surprenante). Beaucoup, du FMI à Paul Krugman, ont souligné que l’essentiel de l’excédent global de la balance des paiements se trouve désormais dans les économies avancées vieillissantes (non en Chine).

Je soulignerai deux points qui contredisent cette idée :

A : L’excédent en biens manufacturés de la Chine reste large et ne présente pas de signe de baisse aux taux de change courants


GRAPHIQUE L’excédent commercial des biens manufacturés de la Chine (en milliards de dollars)

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L’excédent manufacturier annuel de la Chine est toujours autour de 900 milliards de dollars (en comparaison, l’excédent manufacturier de l’Allemagne est autour de 350-400 milliards de dollars e fonction du taux de change et le déficit américain dans les biens manufacturés est autour de 1.000 milliards de dollars) et ne présente pas de signe de baisse. Je ne vois aucun signe que la (modeste) appréciation réelle cette année érode sérieusement la compétitivité de la Chine, bien qu’elle doit modérer la performance à l’exportation de la Chine (les volumes d’exportations de biens chinoises croissent à un rythme plus rapide que le commerce mondial en 2017).

La Chine, naturellement, va exporter des biens manufacturés et importer des matières premières. Un certain excédent dans les échanges de biens manufacturés est normal. Et puisqu’elle est maintenant le plus grand importateur de pétrole du monde, son équilibre global va de plus en plus fluctuer avec le prix du pétrole. Toute hausse de 10 dollars du prix du baril se traduit par une hausse d’environ 30 milliards de dollars de la facture d’importations chinoises de pétrole et de gaz et baisse l’excédent d’un montant pratiquement similaire à court terme (ce qui importe pour le compte courant est le prix du pétrole relativement aux dépenses dans les pays important du pétrole, mais à court terme une hausse des prix du pétrole accroît le revenu des exportateurs de pétrole plus que les dépenses).

Et la Chine exporte des biens manufacturés pour payer ses importations de "vacances", même si son déficit dans le tourisme est certainement plus faible que le chiffre gonflé des données officielles chinoises.

Peu importe : l’excédent de la Chine dans les échanges de biens manufacturés continue de soutenir sa balance des paiements. Et je n’ai aucun doute que la Chine puisse ralentir les sorties des dollars (ou des yuans) du tourisme si elle s’inquiétait à propos de son compte courant.

B : La Chine accumule à nouveau des réserves


Un excédent du compte courant serait toujours associé à la faiblesse de la balance des paiements si l’excédent était plus faible que nécessaire pour financer d’amples sorties de capitaux privés, comme ce fut le cas après la dévaluation de la Chine en 2015. Mais ici aussi je pense que la position de la Chine est assez robuste. Les sorties privées nettes ont chuté et l’Etat chinois accumule à nouveau des actifs étrangers. (...)

En somme, l’Etat chinois continue de s’asseoir sur le plus gros amas d’actifs externes au monde et cet amas a significativement augmenté au cours des 18 derniers mois. Selon ma mesure, l’Etat chinois a bien plus de 4.000 milliards en actifs étrangers et ses détentions totales vont revenir d’ici la fin de l’année au niveau qu’elles atteignaient avant la dévaluation et la chute des réserves.

Un petit déficit externe (qui résulterait par exemple d’un choc pétrolier combiné à une guerre commerciale avec les Etats-Unis) ne doit pas, par conséquent, susciter des risques pour la gestion du taux de change du yuan, à moins qu’il suscite l’anticipation que les décideurs politiques chinois veulent un plus faible taux de change.

Le fragile rééquilibrage


Le raisonnement amenant à penser que le rééquilibrage de la Chine (la chute de son excédent externe) est fragile est en fait assez simple.

La Chine épargne toujours la moitié plutôt que le tiers de son PIB. Et aussi longtemps que ce sera vrai, éviter un large excédent de compte courant passerait par des politiques plutôt exceptionnelles, des politiques qui semblent imprudentes et dangereuses dans la mesure où elles se traduiraient inévitablement par une accumulation de dette interne (…).

En 2000, la Chine épargnait et investissait environ 35 % de son PIB (le compte courant présentait un modeste excédent, donc épargne était un peu plus élevée que l’investissement). En 2017 (et en 2018), même avec les récents progrès du côté de la consommation, on s’attend à ce que la Chine épargne et investisse environ 45 % de son PIB.

C’est un niveau d’épargne et d’investissement qui reste environ 10 points de pourcentage supérieur au niveau de 2000. C’est toujours un niveau d’épargne et d’investissement substantiellement plus élevé que celui qu’on avait pu observer par le passé dans les économies asiatiques à forte épargne (si on laisse de côté Singapour). (…) Aussi longtemps que l’épargne est supérieur à 40 % du PIB il y a toujours un risque que l’écart entre l’épargne et l’investissement puisse être encore plus large.

GRAPHIQUE Epargne et investissement en Chine (en % du PIB)

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Pourtant, le FMI, qui reflète un consensus mondial, désire que la Chine réfrène la croissance de son gros mur de dette (interne) (…). Le FMI, tout comme d’autres institutions, ne pense pas que la relance budgétaire chinoise de 2016 était une bonne idée, même si cette relance budgétaire joua peut-être un rôle clé pour ramener l’excédent externe chinois sous les 2 % du PIB de la Chine après la chute du prix du pétrole. Il appelle désormais à "moins d’investissement public, de plus fortes contraintes sur l’emprunt des entreprises publiques et" des freins sur "la croissance rapide l’endettement des ménages".

C’est le genre de recommandation de politique que le FMI fait typiquement pour un pays avec un large déficit externe ; il semble tout à fait raisonnable pour, disons, la Turquie. Mais pour la Chine, une telle chute de l’absorption domestique signifierait un retour à un large excédent externe, à moins que, comme le reconnaît le FMI, ce soit accompagné d’un réel effort pour réduire l’épargne et accroître la consommation.

Pourtant il y a un risque que, lorsque la Chine réduira ce qui est sans doute un niveau inefficace d’investissement, elle le fasse sans adopter le genre de politiques nécessaires pour réduire l’épargne nationale. Ni Liu He, ni le Président Xi n’ont montré beaucoup d’intérêt dans l’extension du filet de sécurité sociale de la Chine ou l’extension de la protection sociale aux travailleurs migrants chinois.

Ce n’est pas un risque purement théorique. Réduire l’investissement public lorsque l’investissement résidentiel chutait sans soutenir la consommation s’est traduit par un fort essor de l’excédent du compte courant de la Chine en 2014 et en 2015, bien que l’ampleur de la hausse était masquée par certains changements dans la façon par laquelle la Chine mesure son compte courant.

Un programme construit autour des réformes du côté de l’offre (avec des caractéristiques chinoises) m’effraie par conséquent un peu. Aussi longtemps que la Chine épargne tant, elle aura un problème sous-jacent avec la demande interne. »

Brad Setser, « How durable is China’s rebalancing? », in Follow the Money (blog), 5 juin. Traduit par Martin Anota

mercredi 20 septembre 2017

Le coût mondial de la mauvaise coordination des politiques budgétaires de la zone euro en 2012

« La Banque de France a publié un intéressant article dans son rapport d’été. Elle affirme que la zone euro, collectivement, a poussé trop loin la consolidation budgétaire (par exemple, trop d’austérité, c’est-à-dire trop de réductions de dépenses publiques et de hausses d’impôts) entre 2011 et 2013. Surtout en 2012 : "La consolidation constatée, sur la base de la variation cumulée du solde structurel primaire des administrations publiques entre 2011 et 2013 est à présent estimée par la Commission européenne à près de 2,9 % du PIB potentiel (...). En particulier, l’effort budgétaire a été de 1,5 point de PIB en 2012".

En effet, la consolidation n’a pas seulement été mise en œuvre par les pays "fragiles" pour regagner en marge de manœuvre budgétaire (Il n’est pas certain qu’ils y parvinrent, dans la mesure où un "excès de consolidation" réduit le PIB et donc n’aide pas vraiment pour réduire le ratio dette publique sur PIB, comme l’ont notamment montré Auberbach et Gorodnichenko). Les "pays robustes", disposant manifestement de marge de manœuvre budgétaire, notamment l’Allemagne, optèrent aussi pour la consolidation : "Les efforts sur ces deux années ont été très importants en Espagne et en Italie (respectivement 3 et 2 points de PIB) et notables en Allemagne (1 point) et en France (0,8 point). La consolidation budgétaire de 2012 a probablement provoqué un affaiblissement de la demande au moment où l’écart de PIB (output gap) était notable: – 2,2% en 2012.".

En d’autres mots, la somme des politiques budgétaires nationales a produit bien trop de resserrement budgétaire pour la zone euro dans son ensemble, bien plus de resserrement que la BCE ne pouvait compenser (et il n’est pas certain que la BCE ait fait tout ce qu’elle pouvait faire pour tenter de le compenser, dans la mesure où elle n’a réussi à vaincre les obstacles internes pour mettre en œuvre son assouplissement quantitatif qu’en 2014).

La Banque de France identifie aussi un scénario alternatif plausible, qui aurait réduit l’ampleur de la consolidation. Elle propose, pour 2012 : "Une consolidation avec une variation du solde structurel de 0,8 point en France, en Italie et en Espagne ainsi qu’une modeste expansion budgétaire de 0,5 point en Allemagne. Ces hypothèses conduisent à une moindre consolidation agrégée des quatre grands pays, de 1,1 point de PIB". Un ralentissement de la consolidation budgétaire en France, en Espagne et en Italie et une expansion budgétaire compensatrice en Allemagne auraient réduit la consolidation budgétaire globale en 2012, puisque celle-ci serait passée de 1,5 point de pourcentage du PIB de la zone euro à 0,4 points de pourcentage du PIB de la zone euro, ce qui se traduirait par un moindre poids sur la demande domestique. Et la Banque de France suggère également une consolidation plus modeste en 2013, une consolidation plus limitée à 0,2 % du PIB de la zone euro.

Je pense personnellement que le scénario alternatif de la Banque de France est toujours (budgétairement) trop conservateur. La France aurait pu également retarder sa consolidation budgétaire, même si la Banque de France ne veut pas le dire (1). Mais le point clé est que l’Allemagne a entrepris une consolidation lorsqu’elle n’avait clairement pas la nécessité de faire. Cette consolidation a poussé la production allemande sous son potentiel et elle a compliqué la vie de ses voisins immédiats. Et à un moment où le reste de la zone euro générait un choc négatif sur la demande mondiale.

Martin Sandbu, dans le Financial Times a noté (correctement) que l’excédent commercial de l’Allemagne avec le monde n’a pas beaucoup changé depuis environ 2013. Il affirme en outre qu’un excédent allemand large, mais constant, n’a pas été un frein sur le reste du monde au cours de cette période. Je n’en suis pas sûr : un excédent commercial signifie que les autres pays ont continuellement à générer de la demande en excès de leur production (et à plus importer qu’ils exportent) (…). Par conséquent, cela serait une bonne chose si l’excédent allemand chutait, car cela fournirait un choc positif à la demande mondiale.

Mais la défense de Sandbu (…) ne s’applique pas pour l’année 2012. Cole Frank et moi avons désagrégé la contribution que les exportations nettes ont représenté pour la croissance globale de la zone euro par pays ; et l’Allemagne s’appuyait alors sur les exportations nettes pour la croissance.

GRAPHIQUE Les contributions des exportations nettes à la croissance de la zone euro

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Mathématiquement, une contribution de la part des exportations nettes peut venir soit d’une chute des importations (le reste du monde partage les souffrances, donc la production chute moins que la demande domestique), soit d’une hausse des exportations. Pour l’essentiel du reste de la zone euro, la contribution de la part des exportations nettes est venue d’une chute des importations. Mais pour l’Allemagne, elle est venue d’une hausse des exportations, comme l’Allemagne a compensé la chute de la demande interne de la zone euro en exportant davantage au reste du monde.

En d’autres mots, une consolidation inutile en Allemagne (et une consolidation excessive dans la zone euro) n’a pas seulement poussé la zone euro dans une récession plus profonde ; elle a aussi freiné l’économie mondiale. Le reste du monde était alors contraint en termes de demande ; l’accroissement des excédents en Allemagne signifiait moins de croissance ailleurs.

Il y a un second point ici, un point qui est aussi pertinent pour aujourd’hui que pour le passé. En ce qui concerne aujourd’hui, comme Sandbu l’a souligné, la politique budgétaire de la zone euro est la somme des politiques budgétaires de ses principaux Etats-membres. Cela peut changer, avec un gros budget pour la zone euro et un ministre des Finances de la zone euro qui ait de réelles capacités d’emprunt. Mais c’est peu probable (comme le pense notamment Martin Wolf). Par conséquent, il est essentiel de coordonner les différentes politiques budgétaires nationales pour obtenir les bonnes politiques budgétaires au niveau de la zone euro et s’assurer que la somme des politiques budgétaires nationales fasse sens pour une région qui partage une même monnaie, donc une même politique monétaire.

(1) Je pense aussi que le multiplicateur que la Banque de France applique pour calculer l’impact de son scénario alternatif est probablement trop faible ; elle a utilisé un multiplicateur compris entre 1 et 1,2. L’administration Obama, pour l’American Recovery and Reinvestment Act de 2009, a utilisé un multiplicateur de 1,5, ce qui semble un bon chiffre. La Banque de France : "Au total, une politique budgétaire ciblant l’investissement public pourrait se voir appliquer un multiplicateur de 1 à 1,2. Combiné à un moindre effort de consolidation, de 0,8 à 1,6 point de PIB entre 2012 et 2013, résultant d’une orientation budgétaire coordonnée plus souple comme décrit ci-dessus, le coût d’opportunité en croissance des carences de la coordination des politiques budgétaires en 2011-2013 se situerait ainsi entre 0,8 et 1,9 point de PIB. »

Brad Setser, « The global cost of the eurozone’s 2012 fiscal coordination failure », in Follow the Money (blog), 15 septembre 2017. Traduit par Martin Anota

lundi 8 mai 2017

Il est difficile d’utiliser la politique budgétaire pour atteindre l'équilibre externe

« L’idée derrière le "rééquilibrage externe tiré par la politique budgétaire" est simple. Si les pays ayant un excédent externe (par exemple un excédent commercial) suivent une politique budgétaire expansionniste, ils vont accroître leur demande interne et ainsi leurs importations. Des politiques budgétaires plus expansionnistes entraîneraient généralement des politiques monétaires plus restrictives, ce qui accroîtrait aussi la valeur de la devise. Et si les pays avec les déficits externes (par exemple des déficits commerciaux) resserreraient leur politique budgétaire, ils refréneraient leur propre demande interne, ce qui limiterait les importations. Les entreprises dans les pays avec des politiques budgétaires plus restrictives et moins de demande vont alors tendre à accroître leurs exportations à destination des pays avec des politiques budgétaires plus laxistes et plus de demande. Ce raisonnement cadre bien avec l’orthodoxie du FMI : ce dernier constate généralement que la politique budgétaire a un impact significatif sur le solde externe, et ce contrairement à la politique commerciale.

Mais cette idée n’est pas sans rencontrer une opposition, puisqu’elle implique que la politique budgétaire qui est bonne pour un pays puisse ne pas l’être pour un autre. Par exemple, beaucoup d’Allemands pensent qu’ils doivent générer des excédents budgétaires pour donner le bon exemple à leurs voisins. Cela va à l’encontre de l’idée d’utiliser la politique budgétaire pour impulser l’ajustement externe. Pour réduire son excédent commercial, l’Allemagne devrait assouplir sa politique budgétaire. L’impact positif de telles politiques sur la demande en Allemagne (et autres les pays en excédents) se répercuterait à l’économie mondiale et permettrait aux pays avec des déficits externes de resserrer leur politique budgétaire en atténuant l’impact de cette dernière sur leur demande.

Donc l’une des implications de l’utilisation de la politique budgétaire en vue de conduire le rééquilibrage commercial est qu’il n’y a pas une seule cible de politique budgétaire (…) qui fonctionne pour tous les pays. L’équilibre budgétaire, par exemple, n’est pas toujours le bon objectif de la politique budgétaire nationale. Certains pays doivent générer des déficits budgétaires pour réduire leurs excédents externes.

GRAPHIQUE 1 Contributions à la variation du solde budgétaire structurel de la zone euro (en % du PIB de la zone euro)

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(…) En pratique, les dernières estimations du FMI montrent que l’Europe n’a pas utilisé la politique budgétaire pour faciliter son propre ajustement interne. Les gros excédents externes dans la zone euro sont générés par Pays-Bas et par l’Allemagne. Ces deux pays ont aussi d’amples marges de manœuvre budgétaire grâce à des niveaux relativement faibles de dette publique et ils peuvent adopter un plan de relance sans remettre en cause leur propre solvabilité budgétaire. Et les pays avec beaucoup de dette externe et une marge budgétaire limitée tendent à être davantage au Sud : il s’agit de l’Italie et de l’Espagne par exemple (je généralise un peu ici, dans la mesure où l’Espagne a plus de dette externe et un plus gros déficit budgétaire que l’Italie, tandis que l’Italie a un plus gros stock de dette publique et moins de croissance). La zone euro génère aussi un significatif excédent externe, souffre de capacités de production inemployées et a de faibles taux d’intérêt. Elle pourrait contribuer à ramener le commerce mondial vers un meilleur équilibre (et accroître le rendement mondial de l’épargne) avec une politique budgétaire globale expansionniste, tout en rapprochant sa propre économie vers le plein emploi. C’est gagnant-gagnant, du moins en théorie.

En pratique, malheureusement, la zone euro n’a pas suivi une politique budgétaire expansionniste l’année dernière. La variation du solde budgétaire structurel au niveau agrégé a été positive, mais seulement un peu. Et la contraction budgétaire en Europe l’année dernière est venue des pays en excédent externe, notamment des Pays-Bas, et non des anciens pays en déficit externe. Les expansions budgétaires en Italie et en Espagne ont suffisamment compensé pour empêcher que la consolidation budgétaire aux Pays-Bas se traduise par une consolidation au niveau agrégé de la zone euro. (…)Le FMI voulait une expansion budgétaire aux Pays-Bas et une consolidation budgétaire en Espagne, en Italie et dans d’autres pays (généralement à un rythme d’environ 0,5 % du PIB par an), c’est-à-dire plus ou moins l’opposé de ce qui s’est passé. Et concernant l’Allemagne ? Eh bien, le FMI pensait il y a un an que l’Allemagne connaissait une expansion budgétaire (…). Mais il s’avère après coup qu’il n’y a pas vraiment eu d’expansion budgétaire structurelle en Allemagne l’année dernière. Le solde budgétaire structurel présente toujours un excédent substantiel.

GRAPHIQUE 2 Variation du solde budgétaire structurel des Etats-membres clés de la zone euro (en % du PIB de chaque pays-membre)

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C’est le problème. Il s’avère que les pays en excédent semblent aimer les excédents. Ils sont rarement enclins à prendre des mesures pour stimuler la demande. Et puisque la production des pays déficitaires traditionnels de la zone euro est généralement contrainte par une faible demande, ils tendent à vouloir adopter des politiques plus expansionnistes pour stimuler leur économie.

Cela s’applique également au niveau mondial. Pour que la politique budgétaire impulse un rééquilibrage de la demande globale, les pays qui connaissent un excédent externe doivent adopter des politiques plus expansionnistes. Cela signifie que la zone euro, la Corée du Sud et le Japon, parmi d’autres, doivent adapter des politiques plus expansionnistes (avec la Suède, la Suisse et Singapour). Et bien sûr les Etats-Unis devraient adopter une politique budgétaire restrictive, de façon à réduire leur déficit de compte courant.

GRAPHIQUE 3 Variation du solde budgétaire structurel de la zone euro, de la Corée du Sud et du Japon (en % du PIB de chaque zone)

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Mais il n’y a pas beaucoup d’éléments dans les données du FMI en 2016 qui suggèrent que les pays excédentaires désirent adopter de significatives expansions budgétaires (et comme je l’ai noté l’année dernière, dans plusieurs cas, le FMI n’a pas désiré préconiser des expansions budgétaires dans son conseil budgétaire à destination des pays générant les plus amples excédents). L’excédent structurel de la Corée du Sud reste élevé (…) et il n’a pas beaucoup changé en 2016. Les dernières données des Perspectives de l’économie mondiale suggèrent un (très) modeste resserrement budgétaire structurel en 2016, et un plus ample resserrement en 2017. Le Japon a un déficit budgétaire structurel actuellement : son excédent de compte courant s’explique par la forte épargne des entreprises et non par une politique budgétaire restrictive. Il a ralenti le rythme de la consolidation depuis 2014 (heureusement) mais son solde structurel ne suggère pas qu’il cherche à en faire beaucoup pour soutenir la demande. Il continue de fortement dépendre des exportations nettes pour soutenir sa croissance. Et, aux Etats-Unis, eh bien, le Président désire une forte réduction de l’impôt financée par le déficit. (Mnuchin, le secrétaire au Trésor américain, est tout à faire d’accord avec l’idée qu’une reflation budgétaire dans les pays en excédent puisse contribuer à réduire les déséquilibres mondiaux de balances de paiements. Mais c’est difficile de concilier cela avec les propositions fiscales de l’administration Trump.) »

Brad Setser, « Using fiscal policy to drive trade rebalancing turns out to be hard », in Follow the Money (blog), 26 avril 2017. Traduit par Martin Anota

mercredi 26 avril 2017

L’excédent combiné de l’Asie et de l’Europe est resté élevé en 2016

« Il y a longtemps, j’ai avoué que j’aimais lire les Perspectives de l’économie mondiale du FMI du début à la fin. Bon, il est vrai que j’ai sauté quelques chapitres. Mais je prête une attention particulière aux tables de données du FMI (la base de données électronique des Perspectives de l’économie mondiale est aussi très bien faite, même si elle manque malheureusement de données relatives à la balance des paiements).

GRAPHIQUE 1 Solde du compte courant des pays excédentaires d’Asie et d’Europe (en milliards de dollars)

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Et les tables de données montrent que l’excédent de compte courant combiné de l’Europe et des pans manufacturés de l’Asie (un excédent qui reflète l’excédent d’épargne de l’Asie et la faiblesse relative de l’investissement de l’Europe) est resté assez élevé en 2016. L’excédent de la Chine a un peu baissé en 2016, mais cela n’a pas réellement réduit l’excédent total des principaux exportateurs asiatiques de biens manufacturiers.

GRAPHIQUE 2 Soldes de compte courant de la Chine, du Japon et des nouveaux pays industrialisés d'Asie (en milliards de dollars)

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L’essentiel de la chute de l’excédent chinois a été compensé par une hausse de l’excédent japonais. Les tableaux de données des Perspectives de l’économie mondiale suggèrent que les exportations nettes représentaient environ la moitié de la croissance de 1 % du Japon ; la croissance japonaise ne repose toujours pas sur une expansion de la demande interne. Et l’excédent combiné de la Corée du Sud, de Taïwan, de Singapour et de Hong Kong reste bien plus ample qu’avant la crise financière mondiale de 2008. Les nouveaux pays industrialisés d’Asie (la Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour) génèrent maintenant collectivement un excédent plus large que la Chine. Par conséquent, en termes de dollars (et aussi relativement au PIB des partenaires à l’échange asiatiques), l’excédent combiné de l’Asie « manufacturière » n’a pas beaucoup baissé au cours des dix dernières années.

La taille de l’excédent combiné de l’Europe et de l’Asie manufacturière signifie nécessairement que d’autres pans majeurs du monde connaissent de larges déficits dans les biens manufacturés. (…) Les gros exportateurs de pétrole et de gaz vont fondamentalement échanger du pétrole contre des biens étrangers (et des vacances) et des parties de l’Asie et de l’Europe vont également avoir à échanger des biens manufacturés contre de l’énergie. Mais les gros pays exportateurs de biens manufacturés d’Asie et d’Europe ne peuvent pas maintenir des excédents aussi massifs en l’absence d’un déficit commercial américain ; ce dernier est aujourd’hui aussi large qu’en 2005 et en 2006. Il y a tellement de manières par lesquelles la balance des paiements courants mondiale peut s’équilibrer.

Tandis que l’excédent de parties clés de l’économie mondiale n’a pas beaucoup changé, la nature des afflux financiers qui canalisent l’excédent de compte courant d’Europe et d’Asie (leurs excédents d’épargne) au reste du monde a certainement changé. Mis à part quelques pays (la Suisse et peut-être Singapour), les gouvernements ne canalisent pas directement les fonds à l’étranger via l’accumulation de réserves et d’actifs par leurs fonds souverains.

(…) La croissance des avoirs officiels a été corrélée avec la forte accumulation de leur excédent combiné avant la crise (pour aller plus loin, voir le document de travail de Joe Gagnon de 2013 et le livre qu’il devrait prochainement publier avec Fred Bergsten) et les pays qui ont historiquement contribué à l’essentiel de l’accumulation de réserves réduisent maintenant leur stock d’actifs.

De manière générale, au cours des dix dernières années, l’excédent d’Asie n’a pas beaucoup changé tandis que l’Europe a remplacé les exportateurs de pétrole comme deuxième grande source derrière les déséquilibres de paiements mondiaux. Et les sorties de capitaux privés plutôt sont devenues la principale contrepartie financière aux amples excédents de compte courant dans le monde à la place des sorties de capitaux officiels. Cela se révèle important pour la composition des afflux de capitaux vers les Etats-Unis : le monde achète moins de bons du Trésor et plus d’obligations d’entreprises américaines ; bien que l’Asie semble aussi avoir repris confiance envers Freddie et Fannie.

Les assureurs taïwanais, les fonds de pension coréens et les banques japonaises ont plus de tolérance vis-à-vis du risque que les traditionnels gestionnaires de réserves des banques centrales. C’est également vrai pour les assureurs allemands, les fonds de pension danois et les gestionnaires de réserves de Suisse, qui ont plus de liberté que la plupart de leurs contreparties pour acheter des actions et des obligations d’entreprises en plus des actifs de réserves traditionnels. De tels changements dans la composition des afflux vers les Etats-Unis peuvent contribuer à expliquer pourquoi le FMI constate que, relativement aux fondamentaux, les spreads des entreprises américains semblent un peu serrés.

Un dernier point : Le Trésor américain soupçonne que cette chute de la croissance des réserves est en grande partie une fonction de la force du dollar et il a exprimé ses inquiétudes à l’idée que cela puisse ne pas être durable dans son plus récent rapport sur les changes étrangers.

Je suis généralement d’accord : les banques centrales du monde sont historiquement bien plus intervenues quand le dollar était faible que lorsque le dollar était fort. Les pays qui connaissent les plus amples excédents doivent utiliser les bilans de leurs administrations publiques quand le marché ne veut pas financer le déficit externe américain. Mais je soupçonne aussi que les plus grands pays excédentaires au monde sont désormais un peu plus compétents que dans le passé pour dissimuler leurs interventions ; les fonds souverains peuvent garder leurs actifs étrangers hors des comptes de la banque centrale, les fonds de pension publics font souvent le gros du travail et, dans le cas de la Chine, la croissance des prêts étrangers des banques publiques chinoises est susceptible d’avoir réduit structurellement le rythme de la croissance des réserves en période favorable. Quand l’intervention revient, cela peut ne pas être principalement via l’usage de bilans de banques centrales. »

Brad Setser, « The combined surplus of Asia and Europe stayed big in 2016 », in Follow the Money (blog), 20 avril 2017. Traduit par Martin Anota



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